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Aristote et le Bien Commun

La notion de Bien Commun puise sa source dans la pensée classique et chez les philosophes de l’Antiquité. Parmi eux, Aristote a marqué de son empreinte toute la pensée occidentale. Philosophe grec du Ive siècle avant JC, disciple de Platon, Aristote est considéré par beaucoup comme le père de la pensée politique occidentale. Précepteur d’Alexandre le Grand, il aborde de nombreux domaines de connaissances tels que la science, l’art oratoire, la physique et même l’économie et la psychologie. Mais ce sont surtout ses principes de philosophie politique qui vont le faire passer à la postérité. Deux œuvres majeures vont notamment nourrir notre conception des rapports sociaux : Politique et l’Éthique à Nicomaque. À travers ces écrits, il aborde aussi bien les questions de la place de l’individu a la société que celles touchant aux meilleurs modes d’organisation de la vie en communauté. Au cœur de ces problématiques : la notion de Bien Commun. Ce sont des enjeux qui ont traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous. Comprendre la vision d’Aristote sur le Bien Commun peut donc nous aider à prendre de la hauteur sur ces sujets de société et à les aborder différemment.


SOMMAIRE


Qu’est-ce que le Bien Commun

chez Aristote ?

Se réapproprier la pensée d’Aristote pour repenser le Bien Commun


Qu'est-ce que le Bien Commun chez Aristote ?

La liberté pour chaque individu d’agir selon la raison

Le philosophe antique nous aide à comprendre la notion de Bien Commun à travers ses différentes facettes. Le bien est « ce à quoi on tend en toutes circonstances ». Dans l’Éthique à Nicomaque, le Bien Commun est identifié au bonheur. Pour Aristote, le bonheur n’est pas un concept subjectif. Il s’agit, pour chaque individu, de mener une vie vertueuse. Comment ? En utilisant notre raison et notre volonté pour agir selon le bien. Chez le philosophe antique, n’y a rien de plus naturel pour l’homme car le bien est « ce à quoi on tend en toutes circonstances ». Il est donc évident pour Aristote qu’agir pour le Bien Commun concerne chacun d’entre nous. C’est inscrit dans notre nature et c’est la seule façon d’atteindre l’épanouissement personnel. Finalement, si nous devions transposer la pensée d’Aristote dans notre façon moderne d’envisager les choses, on pourrait la résumer ainsi : nous ne pouvons être pleinement heureux qu’en étant libres d’agir pour le Bien Commun parce que c’est dans notre nature.

Et c’est en vue de l’avantage de ses membres, pense-t-on généralement, que la communauté politique s’est constituée à l’origine et continue à se maintenir.

Artistote

Éthique à Nicomaque

Le Bien Commun chez Aristote : la finalité de toute société

Le Bien Commun a par ailleurs une seconde signification chez le précepteur d’Alexandre le Grand. Vous avez déjà peut-être entendu cette célèbre affirmation d’Aristote : « l’homme est par nature un animal politique ». L’élève de Platon entend par là que nous sommes naturellement faits pour vivre en société. Si nous n’appartenions à aucune forme de communauté, que ce soit une famille, un village ou une nation, nous nous retrouverions dans une solitude insupportable, presque inhumaine pour Aristote. Par ailleurs, le fait que nous soyons doués de la parole nous permet d’organiser cette vie en communauté. Et c’est là qu’intervient la notion de Bien Commun. C’est en le recherchant que nous pouvons organiser au mieux notre vie au sein des communautés auxquelles nous appartenons. Aristote définit le Bien Commun comme la finalité même de toute société : « Et c’est en vue de l’avantage de ses membres, pense-t-on généralement, que la communauté politique s’est constituée à l’origine et continue à se maintenir. Et cette utilité commune est le but visé par les législateurs, qui appellent juste ce qui est à l’avantage de tous. » Autrement dit, pour Aristote, la recherche du Bien Commun est la raison même de l’existence de la société. De ce fait, le Bien Commun doit être recherché par chaque individu et chaque communauté.

Quels sont les critères du Bien Commun chez Aristote ?

Vouloir rechercher le Bien Commun, c’est bien : mais comment le reconnaître ? Dans l’Éthique, Aristote nous fournit quelques pistes.Tout d’abord, le Bien Commun se distingue de l’utilité commune, ou, comme on la nommerait aujourd’hui, de l’intérêt général. Il ne suffit pas que l’action d’une société soit utile à cette société pour être tournée vers le Bien Commun. Par exemple, déclarer la guerre à une nation voisine pourrait profiter économiquement ou stratégiquement à un pays ; cela ne signifie pas pour autant que cette action vise le Bien Commun. Pour tendre vers celui-ci, Aristote considère qu’il est nécessaire de faire reposer chacune de nos actions – individuelles et collectives – sur un certain nombre de vertus comme le courage, la prudence ou la tempérance. Mais attention ! Il ne suffit pas de les professer ! Sans action, pas de Bien Commun ! Et une action bonne est une action qui se veut éthique.

Ni trop, ni trop peu

L’un des critères d’appréciation d’une mesure pour Aristote est ce qu’on appellerait aujourd’hui le juste-milieu : « Le but que se propose la vertu pourrait bien être une sage moyenne » ; ou encore « la vertu est donc une sorte de moyenne ».

En d’autres termes, pour qu’une action soit vertueuse et donc tournée vers le Bien Commun, elle doit être équilibrée, tant dans son intention que dans ses résultats. Il faut donc, pour Aristote, toujours agir avec tempérance, au risque sinon, de tomber dans le vice, même lorsque l’on souhaite bien faire. Ou, pour le dire de façon plus imagée et selon les mots de Pascal : « qui veut faire l’ange fait la bête ».

La plus importante des vertus évoquées par Aristote, cependant, reste la justice, qui, selon le philosophe « contient toute les autres vertus ». Pour qu’une communauté s’inscrive dans le Bien Commun, elle doit donc s’attacher à être une société juste. Comment définir la justice selon Aristote ? C’est celle qui repose sur l’amitié.

L’amitié, chez le philosophe antique, est cette relation entre les individus qui se fonde elle-même sur le Bien Commun. C’est l’action par laquelle chaque individu se tourne vers l’autre, un altruisme qui, dirigé par la raison, conduit à la charité.

Agir pour le Bien Commun chez Aristote, c’est donc exercer sa raison et sa volonté pour accomplir ce qui est juste pour soi et pour l’ensemble de la communauté. 


Qui était Aristote ?

Aristote naquit à Stagire en Macédoine vers 384 av. JC. En 367 ou 366, Aristote va faire ses études à Athènes et devient à l'Académie l'un des plus brillants disciples de Platon .En 343-342, il est appelé à Pella, à la cour du roi Philippe de Macédoine, qui lui confie l'éducation du prince, futur Alexandre Legrand. De retour à Athéne après sa mission de précepteur, Aristote fonde une école : “Le Lycée” ou entourée de ses élèves il enseigne la philosophie et notamment, les sciences morales. C’est à ce moment qu’est écrit l’Éthique à Nicomaque. Suite à la mort d’Alexandre Legrand et manifestation anti-macedéonnienne Aristote fuit Athénes pour l’îles d'Eubée ou il décède à l’âge de 62 ans. Sa pensée et ses écrits influencent encore la philosophie occidentale contemporaine.

Se réapproprier la pensée d’Aristote sur le Bien Commun aujourd’hui

Le principe de Bien Commun chez les penseurs classiques, au premier rang desquels Aristote, peut nous aider à appréhender les défis que traversent nos sociétés actuelles.

Comme on l’a vu, le Bien Commun chez le philosophe grec est une jauge permettant à la fois la recherche de l’épanouissement individuel et l’accomplissement collectif des communautés. Dans cette vision, chaque individu a un rôle à jouer. Le bien-être de la société repose sur le fait de donner la possibilité à chacun d’être libre d’exercer ce rôle. Très concrètement, en redécouvrant Aristote nous pouvons mesurer si nos actions sont éthiques, mais aussi si le cadre de ces actions permet à tous d’exercer sa liberté et ses responsabilités.

Par exemple, si je suis un chef d’entreprise, laisse-je toute la place à mes salariés pour embrasser pleinement leur rôle et répondre eux-mêmes aux problématiques qui les concerne ? Ou, au contraire, est-ce que je favorise une structure inflexible, dans laquelle je m’occupe de tout, même de ce qui ne me concerne pas directement ?

L’essayiste et ancien haut fonctionnaire Pierre de Lauzun nous apporte un élément de réponse :

Il y a deux grands moyens de tourner l’action des hommes vers un bien. Le premier est la coercition : la puissance publique. Le second est la conduite intérieure : les mœurs, éthique ou morale. La vraie liberté repose sur celle-ci, car c’est une plénitude intérieure, qui suppose d’être orientée vers le bien.

Pierre de Lauzun

En nous réappropriant individuellement la notion de Bien Commun chère à Aristote pour mener notre vie quotidienne, nous pouvons donc agir pour la société en son ensemble.

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